14-12-2011 | POLITIQUE


En Haute-Savoie, Sarkozy enfourche le thème du "produire en France"

Visite de l'usine Dynastar Rossignol de Sallanches par Nicolas Sarkozy

Le "produire en France" est devenu un "must" du discours politique: lors d'une visite en Haute-Savoie mardi, Nicolas Sarkozy a lui aussi enfourché le thème de la "réindustrialisation" du pays, suscitant une volée de critiques de ses futurs rivaux à la présidentielle.

Depuis des semaines, impossible d'y échapper. Sur fond de chômage en hausse et de menaces de récession, les prétendants à l'Elysée ont refait une priorité du "produire au pays", grand classique du slogan politique tricolore depuis le "achetons français" cher au Parti communiste.

Le socialiste François Hollande bat les estrades en défendant le "patriotisme industriel", le centriste François Bayrou a fait de la réindustrialisation son "obsession" et la présidente du Front national Marine Le Pen promis de faire voter une loi baptisée "achetons français" avec l'objectif très ambitieux de créer 500.000 emplois industriels en cinq ans.

Visiteur d'usines et harangueur d'ouvriers très assidu depuis 2007, Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas abandonner ce créneau à ses adversaires.

Il a donc pris mardi la direction de Sallanches, au pied des Alpes savoyardes, pour une usine emblématique du groupe Rossignol. Racheté en 2005 par l'Américain Quicksilver, le fabricant de skis avait délocalisé sa production en Asie. Repris trois ans plus tard par des fonds américain et australien, il en a rapatrié une partie à Sallanches.

Devant la centaine de salariés de l'usine, le chef de l'Etat a applaudi le mouvement et redit ses convictions industrielles.

"Je ne suis pas par principe contre l'implantation d'usines françaises dans d'autres pays, c'est normal qu'on construise en Chine des voitures qu'on veut vendre en Chine. Là où je ne suis pas d'accord, c'est qu'on fabrique à l'étranger des voitures pour les vendre ensuite en France", a-t-il lancé, "notre politique, c'est d'encourager les entreprises à produire en France".

Nicolas Sarkozy a toutefois pris ses distances avec ses concurrents, notamment Marine Le Pen qui lui dispute les suffrages d'un vote ouvrier sur lequel il avait assis sa victoire de 2007.

"Tout le monde dit +acheter français+, je préfère dire +produire en France+", a expliqué le président. "Je préfère même qu'on achète une voiture de marque étrangère produite en France plutôt qu'une voiture française fabriquée à l'étranger et vendue en France. Ce qui est important, c'est de produire en France", a-t-il insisté, précisant refuser "qu'on donne un euro du budget de l'Etat à une entreprise française pour fabriquer ailleurs".

De tous les bords les critiques ont fusé.

Alors que le MoDem a défendu la primauté du "produire en France" du candidat François Bayrou, dénonçant "le coup de com" du chef de l'Etat, Jean-Pierre Chevènement (MRC) a ironisé sur "la concurrence démagogique de tous ces hommes politiques qui ont une responsabilité écrasante" dans la désindustrialisation.

Au PS, on a brocardé "le président des petites relocalisations et des grandes délocalisations", promettant au visiteur de l'usine de skis de finir "hors piste en 2012".

Avant même le discours chez Rossignol, la gauche avait fustigé le mauvais bilan de Nicolas Sarkozy en matière industrielle. Après une saignée de 260.000 emplois entre mi-2008 et mi-2009, l'industrie a encore perdu 72.000 emplois en 2010, selon l'Insee.

Selon le chef de file des députés PCF Roland Muzeau, "400 à 500.000 emplois industriels ont été détruits" depuis le retour de la droite au pouvoir en 2002. L'élu des Hauts-de-Seine a qualifié de "nouvelle arnaque verbale" le label "origine France garantie" dont Nicolas Sarkozy a pris la défense. Ce label est décerné depuis peu à une quarantaine de produits incorporant au moins 50% de valeur ajoutée tricolore, une limite jugée trop faible par les chefs d'entreprises savoyards présents mardi.

AFP

A écouter aussi l'interview http://www.toutleski.com/news/economie-environnement/CID6373/bruno-cercley-president-du-groupe-rossignol-repond-a-toutleskicom.html

 

A lire aussi
Dernieres Nouvelles
+ de nouvelles
News