Ski, Toutes disciplines

Ski de fond - Jean Mermet et les JO de 1956 à Cortina

En route pour 2026

Près de 70 ans après les Jeux olympiques d’hiver de 1956 à Cortina d'Ampezzo en Italie et à un an de ceux de Milan Cortina, ouverture le 6 février 2026, Jean Mermet, athlète français de ski de fond, nous livre un témoignage précieux et met en lumière des années d’évolution dans le monde du sport.

En effet, les JO de 1956 ont grandement contribué à la professionnalisation des sports d'hiver, notamment celle du ski de fond.

Les débuts modestes du ski de fond aux Jeux d'hiver

« On a été très bien accueillis lors de ces JO de 1956, tout s’est bien passé malgré un problème de taille : il y avait très peu de neige ! » se remémore Jean Mermet. Cette contrainte a amené les athlètes à modifier leurs plans d’entraînement et même à déplacer le relais à cinq kilomètres des lieux initialement prévus, qui est donc devenu un parcours inconnu avant la compétition. « L’entraînement n’a pas été optimal : en décembre, faute de neige, l'entraînement prévu aux Houches (Chamonix) a été déplacé au plan de l’Aiguille (Aiguille du midi) avec un profil difficile et peu adapté, des mauvaises conditions de neige ; de plus en Italie, on ne savait pas comment allait être la neige sur place », raconte-t-il.
Aussi, le ski de fond était une discipline assez méconnue à l’époque, éclipsée par la popularité du ski alpin. « Le ski de fond était le parent pauvre du ski ! » admet-il, expliquant que cette discipline était surtout pratiquée dans des régions comme le Jura, les Vosges ou le Vercors, mais quasiment absente des Alpes. Avec des conditions matérielles rudimentaires en comparaison d’aujourd'hui, les athlètes s’entraînaient uniquement en hiver, souvent à temps partiel. « À l’époque, c’était plus du bénévolat que du professionnalisme. On avait un autre métier l’été, et seuls les transports et l’hébergement étaient pris en charge pour participer aux JO et aux autres compétitions internationales. »

Trois épreuves étaient organisées en ski de fond : un 15 km, un 30 km, et un relais 4x10 km. S’il y avait peu de neige, le temps était tout de même clair et ensoleillé les jours J. Jean a participé aux 3 courses et a fini 20ème au 15 km, 18ème au 30 km et 6ème au relais. A l’époque, il n’y avait qu’un style, le pas alternatif. Les athlètes, qui se connaissaient depuis plusieurs années, ont pu profiter d’une bonne ambiance au sein de l'équipe : “Nous avons partagé tous les entraînements et toutes les compétitions ensemble et même si les conditions n’étaient pas toujours optimales, on s’entraidait dans toutes les circonstances.” conclut Jean Mermet.

Une prise de conscience accrue de la santé mentale

Questionné sur des sujets plus larges et liés aux éditions plus modernes des Jeux, comme la santé mentale des athlètes, Jean Mermet remarque à quel point cette thématique était inexistante en 1956. « On ne parlait pas du tout de santé mentale. C’était des notions qui n’existaient pas, on ne voyait que la discipline et les épreuves. » Cette absence de soutien combinée à des barrières linguistiques entre l’entraîneur finlandais et les athlètes français, compliquaient un peu plus les préparatifs. “L’entraineur finlandais ne parlait pas français. Il a été remercié avant les JO et nous avons participé sans entraîneur !” poursuit-il.

À l’approche de Milan Cortina 2026, cette évolution est flagrante. En effet, conscient de ce sujet incontournable, le CIO a mis énormément de dispositifs en place pour soutenir les athlètes à Paris 2024 et les encadrer bien au-delà de la performance physique, comme le plus grand programme de prévention des abus en ligne jamais mis en place dans le sport ou encore la Mind Zone, un endroit où les athlètes pourront vraiment déconnecter et décompresser au sein des villages Olympiques.

Une place croissante pour les femmes dans le sport

Sans surprise, les JO de 1956 n’ont vu aucune athlète française en ski de fond en compétition : une réalité bien éloignée de l’équité recherchée aujourd’hui. « C’est une très bonne chose qu’on voit plus de femmes maintenant » souligne Jean Mermet. “Le ski de fond est désormais accessible à tous et à toutes grâce aux progrès techniques et à un changement de mentalité.”

Les Jeux de Milan Cortina 2026 marqueront également des avancées majeures en matière de parité, avec des disciplines de plus en plus mixtes et une couverture médiatique équilibrée.

Une continuité dans l’héritage olympique

Jean Mermet, qui a suivi avec attention les JO de Paris 2024, se réjouit de voir l’évolution du mouvement olympique, avec notamment la création des Jeux paralympiques. « Ce qui m'interpelle, ce sont surtout les performances des athlètes aux JO paralympiques, qu’il n’y avait pas du tout à mon époque. » Un témoignage qui illustre l’évolution vers une meilleure inclusion et diversité dans le sport.
Alors que Milano Cortina 2026 se profile à l’horizon, ces Jeux offrent l’occasion de se souvenir des défis du passé tout en célébrant les progrès réalisés, que ce soit dans les conditions d’entraînement, le professionnalisme des athlètes ou les valeurs d’égalité et de bien-être. Jean Mermet conclut avec fierté : « J’ai suivi les JO Paris 2024 et je suivrai aussi les JO de Milano Cortina l’année prochaine, c’est un événement que je ne vais pas rater ! »

En photo Jean Mermet lors d'une épreuve de ski de fond en 1956 - Credt photo DR par thePR

LES TITRES